Avant 1953, Diên Biên Phu n’était pas un nom inconnu de l’histoire militaire française. En effet, cette bourgade du haut Tonkin avait été en avril 1945 le théâtre d’une bataille ayant opposé une colonne française se repliant sur la Chine à des troupes japonaises qui la poursuivaient.
Paris avait même espéré faire de Diên Biên Phu en 1945 la nouvelle capitale de l’Indochine libre après le coup de force japonais qui, le 9 mars 1945, avait évincé les français d’Indochine.
Le terme Diên Biên Phu est une dénomination administrative qui peut se traduire par “grand chef lieu d’administration frontalière”. La région est habitée par les Meos (H’mongs), Thais, rudes montagnards qui cultivent le pavot et font commerce de l’opium et par les Thaïs qui travaillent les rizières de la vallée et font du petit élevage.
En ce mois de novembre 1953, la cuvette offre un aspect verdoyant qui n’a rien de commun avec les photos du camp retranché prises au moment du siège et qui feront la une de l’actualité. C’est alors une verte vallée accueillante, avec des rizières, de la végétation, des arbres, des forêts sur les pentes des collines et des montagnes environnantes. La plaine est parsemée de maisons sur pilotis et l’ensemble parait serein, champêtre et agréable à l’œil. La petite bourgade qui occupe le centre de la cuvette s’appelle en réalité Muong Thanh. Elle est traversée dans le sens nord-sud par deux pistes plus ou moins parallèles à la rivière coulant au centre de la cuvette, la Nam Youm, dans laquelle se jette la Nam Co venant du nord.
La grande droite axiale de la vallée orientée nord-sud à 17 Kms de long. La largeur est-ouest varie de 5 à 7 Kms. Une zone mamelonnée dans la partie est et nord-est sert d’avant-scène à un encadrement montagneux dont les sommets boisés culminent de 1.000 à 1.300 mètres. La dénivellation entre la vallée, déjà à 400 mètres d’altitude et les cimes des montagnes, varie de 600 à 700 mètres (cf. croquis).
Diên Biên Phu est relié au reste du pays par la route provinciale (R.P.) 41 qui va jusqu’à Hanoï via Tuan Giao, Co Ni, Na San, Moc Chau, Hoa Binh et, vers la Chine, plein nord par la piste Auguste Pavie via Laï Chau, capitale du pays thaï.
Ce petit plateau fertile que constitue la large cuvette de Dien Bien Phu est principalement visité par les Vietnamiens venus commémorer leur victoire. Les rares français semblent quant à eux encore traumatisés par le spectre de la défaite. La vie a repris ses droits et la végétation recouvre un nombre de pièces d’artillerie abandonnée sur le site.
L’abri du général de Castrie est l’endroit des photos souvenirs pour les anciens combattants. La reconstitution de la colline d’Éliane II surplombent le cimetière Vietnamien renforce l’impression de violence et de douleur qui plane sur le site. Une visite poignante, qui trouvera un peu de douceur dans la rencontre avec les ethnies mont agnardes de la région. Les paysages particulièrement riches, les marchés méritent d’être explorés en voiture.